Rubrique@Net : Les Géants

Monsieur et Madame Gayant, géants connus et reconnus, avaient une brasserie à leur nom il y a peu encore mais qui déjà faisait figure de petit poucet face aux géants du marché. ABinBev, Heineken et Carlsberg nous sont présentés comme des mastodontes, des multinationales tentaculaires hyper communicantes, aux bénéfices records. Cependant le produit lui-même, la bière, avouons-le, n’a que peu d’intérêt gustatif ce qui contraste avec leurs incontestables succès et tout le tapage qui en est fait. Mais voilà, ces brasseries ont aussi un passé historiquement important voire fondateur, sont porteuses de nombreux emplois et soutiennent des actions et des œuvres intéressantes, il faut savoir mettre de l’eau dans son vin… d’orge.

Les géants brassent. Les chiffres donnent le tournis et atteignent des sommets tels qu’ils deviennent invérifiables (ABinbev dépasserait les 500 millions d’hectos) ces mêmes chiffres montrent également que d’autres mastodontes, moins visibles, sont bien là cachés dans leurs ombres. Les marchés asiatiques et américain très porteurs permettent à d’autres géants de coexister, on trouvera China Winter Brewery, Tsingtao ou Molson-Cors et les coulisses de la profession ne sont pas aussi limpides que leurs productions. Rachats, alliances, partage des marchés, actionnariats, entrées au capital, productions de bières sous licence, on ne nous dit pas tout, vous pensez bien.

Les géants dévorent. Le cas de Grimbergen partagé entre Alken-Maes (Heineken) et Carlsberg est parlant et maintenant voilà que les pères de l’abbaye produisent également sur place, bonjour le patacaisse ! Pour le reste il suffit de voir la liste des brasseries qui font partie de leur giron pour comprendre leur façon de grossir tout en maitrisant la concurrence, c’est fort.

Les géants aiment le sport. Ils le font savoir, l’association bière et foot, coupe d’Europe de rugby ou Tour de France n’a jamais autant fonctionné, même si on se demande encore quel est le rapport. Sport et alcool ne font pas bon ménage, alors quoi ? C’est de la 0.0% me direz-vous, c’est écrit dessus et tout autour des terrains. Ne cherchons plus, le mondial est là pour le prouver, au Qatar on brasse aussi …un tout autre liquide.

Les géants ont du cœur (ils ont tout c’est dingue !). Des fondations, des œuvres caritatives, ils soutiennent la culture, les artistes ou d’autres brasseurs victimes du confinement, valorisent leur glorieux passé et payent le chauffage des établissements partenaires. Ils œuvrent pour l’équité, la diversité, l’inclusion de leurs employés… »entrainant un engagement accru, ce qui améliore la performance commerciale » (ce n’est pas moi qui le dis).

Les géants veillent à garder leur avance. Ils investissent dans la recherche et l’amélioration continue pour se tenir au premier rang, adoptent les méthodes de l’industrie tel le Lean management pour améliorer leur qualité, leur rentabilité. Ils créent de nouvelles variétés, déposent des brevets, inventent de nouvelles techniques, sont à la pointe dans leur domaine industriel, scientifique, commercial, financier. Alors le mouvement Craft et sa multitude de petit poucet qui leurs grapille des parts de marché ça doit les chatouiller un peu mais c’est toujours l’union qui fait la force, ils ne jouent pas vraiment dans la même cour. Un peu de craft au catalogue suffira bien pour le rapport annuel (à rallonges).

D’autres géants plus discrets s’occupent eux de l’orge, du malt, du houblon, de la levure, ils sont de taille mondiale également et font moins de remous, les dividendes sont là et de la même manière ils conduisent leurs affaires aux quatre coins de la planète. Une malterie française en Ethiopie maltant l’orge locale on pourrait croire à une vieille blague, mais non, on peut même ajouter que c’est un des plus gros producteurs de …houblon ! Autour de tout ça gravitent des fabricants de produits phytopharmaceutiques, des banques, des entreprises d’investissement, des familles, autant dire des géants qui arrivent à rester très bien cachés.

Alors c’est vrai, les géants semblent toujours indestructibles mais l’histoire est là pour nous rappeler que depuis David et Goliath leur talon d’Achille ce sont …leurs pieds d’argile. Tout ce petit monde bouge et bougera encore, grossira, mutera, éclatera ou disparaitra au grès des marchés, des banques, des stratégies et des conjonctures économiques, une véritable saga pour certaines brasseries.

En attendant, nous pouvons faire ce qu’ils n’ont pas le temps de faire, c’est à dire déguster, profiter et partager, discuter, rêver et aimer, prendre notre temps pour lire la Gazette et rigoler autour d’une bière, La Géante par exemple !         À découvrir en cette période les bières d’hiver ou de Noël.

 Santé et meilleurs Vœux pour 2023.

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Pierre ULTRÉ

24ème concours du brasseur amateur – FIBA – Palmarès

VINGT-QUATRIÈME CONCOURS DE BIÈRE D’AMATEUR DE SAINTE-MARIE-CAPPEL

Une nouvelle fois, comme il est de tradition, l’association Les Amis de la Bière a organisé son concours de bière d’amateur à Sainte-Marie-Cappel.

Cette année, cinquante-trois (53) bières ont été livrées aux papilles des jurés dégustateurs rassemblés le samedi 24 septembre 2022 dans la salle de la Mairie du village sous la présidence de Jean-Jacques GAYRAUD, le président du jury.

Constituées de :

vingt (20) bières blondes;

sept (7) bières blondes à dominante houblon;

dix (10) bières ambrées ;

neuf (9) bières brunes ou noires;

sept (7) bières autres;


Ces bières ont été expédiées par trente-et-un (31) brasseurs amateurs de nombreuses régions de France et de Belgique.


Ont été désignés vainqueurs, chacun dans sa catégorie les candidats suivants:

M. COLLIN Benjamin de MAZIERES (52) pour les bières blondes;

M. MANIEZ Alan de AVELIN (59) pour les bières blondes à dominante houblon;

M. DEPECKER Ludovic de ROUBAIX (59) pour les bières ambrées.

M. FATOU Jérémy de SAINGHIN-EN-WEPPES (59) pour les bières brunes ou noires avec une bière noire;

M. SAVERYS Guillaume de HAM-EN-ARTOIS (62) pour les bières autres avec une bière « Triple tourbée »;


Par la suite, le jury final constitué spécialement de six jurés a dégusté chacune des bières primées lors de la phase précédente.

C’est la bière présentée par M. SAVERYS Guillaume de HAM-EN-ARTOIS (62) qui est sortie gagnante de la compétition avec la bière Autre « Triple tourbée ».

Un diplôme et un tablier millésimé ont récompensé chacun des lauréats, le vainqueur toutes catégories recevant en outre un trophée à l’effigie de Gambrinus

Palmarès complet disponible ci-dessous.

Palmarès FIBA 2022

Rubrique@Net: Nos Régions

Dans son journal du 13H notre regretté Jean Pierre avec ses petits marchés de Provence et la découverte des produits et des producteurs de nos régions avait trouvé un sujet passionnant, de dimension nationale et bien ancré dans nos racines. Tout comme la bière. Son essor sur tout le territoire touche aussi bien les régions productrices de vin, de cidre ou de chouchen que les anciennes régions de tradition brassicole. De Bray-Dunes à Prats de Mollo, de Kiesweg à Ploumoguer en passant par Picherande (le nombril de la France), ça mousse ! Et les DROM-COM ne sont pas en reste.

Treize régions en métropole, cinq en outre-mer, de quoi caser nos 2300 brasseries et quelques. Dans le trio de tête en nombre de brasseries artisanales se trouvent l’Auvergne-Rhône-Alpes, le Grand Est et la Nouvelle Aquitaine mais il faut consulter l’annuaire car les chiffres bruts ne sont pas très parlants. Ensuite suivent L’Occitanie, la Bretagne et les Hauts de France, les autres sont dans un mouchoir de poche comme on dit. En clôture nous trouverons le Centre Val de Loire et la Corse.

La Bretagne nous a montré, il y a bien longtemps déjà, la voie de la bière artisanale avec la Coreff et aujourd’hui nous pouvons apprécier l’impressionnante couverture brassicole que cette région nous offre. La  » petite  » région Ile de France est bien représentée sur le panel national et ce depuis longtemps également, des pionniers de la craft y sévissent encore.

Pour promouvoir leurs bières les régions et départements créent des labels pour se démarquer, insister sur l’aspect qualitatif, le côté terroir-saveur, les bières de caractère et tout ça et là c’est la valse des étiquettes, ça part dans tous les sens. Cependant côté labels officiels nationaux ou européens on ne trouve pas bin grand-chose. Sur le registre européen pas de bière française que ce soit en IGP, STG, AOP, quelques bières Tchèques, Allemandes et Belges mais cela reste vraiment confidentiel. Quelques mentions existent en parallèle comme « Produit de la ferme » ou encore « Produit de la montagne ». Mais le consommateur est-il vraiment sensible à ces logos ? Une bière estampillée  » Profession Brasseur  » du SNB sera-t-elle préférée à une autre badgée  » Brasseur Indépendant  » du SNBI ? … Les publicitaires semblent le croire.

Quand tout ce petit monde se retrouve au concours général agricole, le classement est légèrement bouleversé, et là, excusez du peu, la région Hauts de France cartonne ! Sur d’autres concours nous trouverons bien entendu d’autres lauréats, à Lyon capitale de la gastronomie, Avignon, Saint Nicolas de Port pour les fourquets ou même la foire de Brignoles. Mais vous le savez, d’une part on ne peut pas concourir partout et d’autre part entre subjectivité, fiches de notation, catégories, sensibilités et compétences des jurys les paramètres sont nombreux à entrer en jeux. Autant dire qu’il y a de la place pour tout le monde. Ce ne sont pas le Worl Beer Award ou le World Beer Cup et ses 103 catégories et 307 récompenses qui diront le contraire.

La France est une terre d’agriculture et donc naturellement les fermes produisant les ingrédients de base sont idéalement placées pour produire elles-mêmes de la bière et dans la dynamique actuelle du consommer local, régional, de l’économie circulaire, cela est tout à fait cohérant. Mettre en place un système du champ à la chope, ouvrir une brasserie paysanne de l’Artois, ou la ferme Beck avec production et transformation des ingrédients sur place ou dans la région c’est un retour à ce qui se faisait avant, c’est le principe du retour de bâton ou le coup du boomerang selon du côté où l’on se place. Bon, bien entendu tout a été revu avec l’arrivée du bio, les énergies renouvelables, l’impact carbone ou encore le crowdfunding.

En tout cas côté régions ça bouge depuis la fin des confinements, c’est reparti pour les salons, marchés, foires, festivals, les brasseurs sont là et le public répond à l’appel. Nous allons pouvoir redécouvrir les différentes routes de la bière, les accords mets-bières et la gastronomie régionale, visiter les cités de la bière et celles à venir…Demandez le guide !

En cette période de vacances les Français vont beaucoup bouger, c’est le moment de partir à la découverte des autres régions, aller chez nos artisans découvrir ce qui se fait ailleurs, la France a un incroyable talent parait-il, cocorico, et la décentralisation a du bon. Profitons-en pour porter la bonne parole également et convertir les restaurateurs, cafetiers et autres patrons d’établissements encore trop frileux ou accrochés à leur contrat brasseur avec les grandes marques et leur conseiller d’aller voir juste à côté de chez eux des gens de leur région plein de créativité, d’enthousiasme et de sympathie, les brasseurs et brasseuses artisans. Alors les ami(e)s à la bonne votre, rendez-vous devant le 13H et ailleurs mais ensemble à nouveau, enfin !

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Pierre ULTRÉ